Cette affection,décrite la première fois chez l’homme en 1932, est une maladie hormonale commune chez le chien. Elle est secondaire à une augmentation de la concentration dans le sang de cortisol. Ainsi, la maladie de Cushing est également appelée hypercorticisme.
Le cortisol est une hormone sécrétée par de petites glandes, les surrénales, sous le contrôle de l’hypophyse. Ainsi, un excès de production de cortisol peut être secondaire soit à un dysfonctionnement des glandes surrénales, soit à un dysfonctionnement de l’hypophyse. Il s’agit dans les deux cas de tumeur (bénignes ou malignes) qui sécrètent un excès d’hormone.
Quels sont les facteurs de risque
75% des chiens diagnostiqués ont plus de 9 ans avec un âge moyen de 11 ans. Certaines races sont davantage exposées: le caniche, les terriers (yorkshire terrier, jack Russell terrier, cairn, terrier…), le beagle, le berger allemand… Les petites races (moins de 20 kgs) vont présenter davantage de Cushing hypophysaire alors que les cushings surrénaliens sont plus communs chez les grandes races.
Notons de plus que 80% des cas sont liés à une masse hypophysaire. Les 20% restants sont secondaire à une tumeur surrénalienne.
Quels sont les signes ?
La maladie de Cushing est parfois difficile à détecter de part son évolution insidieuse et l’absence de signes cliniques inquiétants (absence notamment de vomissement, de diarrhée, de perte de poids…). L’exposition prolongée à de fortes concentrations en cortisol se manifeste de la sorte:
• augmentation de la soif
• augmentation des mictions (les animaux urinent plus et plus souvent)
• augmentation de l’appétit
• obésité
• abdomen distendu
• perte de poils
• faiblesse musculaire
• fatigue
• peau grasse
• infection cutanée
• hyperpigmentation de la peau
• absence ou retard de chaleur chez la femelle
• atrophie testiculaire
• perte de la vue
• paralysie faciale
Quelles sont les complications ?
L’excès de cortisol dans le sang a de multiples effets sur l’organisme. Il favorise les infections (infections cutanées, urinaires). Le cortisol augmente l’excrétion de calcium dans les urines favorisant la formation de calculs urinaires. Le métabolisme du sucre et l’action de l’insuline sont affectés; ainsi, il n’est pas rare d’avoir associés un Cushing et un diabète sucré.
Les deux complications les plus redoutables sont la pancréatite et l’embolie pulmonaire.
Dans le premier cas, il s’agit d’une inflammation et surinfection du pancréas générant une péritonite. La gestion de la pancréatite nécessite toujours une hospitalisation et le pronostic est réservé.
L’embolie pulmonaire quant à elle est secondaire à la formation d’un caillot venant s’engager dans la vascularisation pulmonaire. Le territoire pulmonaire intéressé n’est donc plus correctement irrigué. L’animal est en détresse respiratoire et le pronostic est souvent sombre.
Comment établir le diagnostic ?
En cas de suspicion, le diagnostic est établi en premier lieu par prise de sang. Votre vétérinaire réalise un bilan complet (rénal, hépatique, glycémie…) et confirme l’hypothèse par un test hormonal (dit test ACTH). Ce test nécessite deux prises de sang à 1H30 d’intervalle.
Une fois la maladie de Cushing confirmée, il est nécessaire pour établir le traitement le plus adéquat possible d’établir l’origine de la maladie.
L’échographie abdominale permet de visualiser ces fameuses glandes surrénales et de dépister une éventuelle masse. Les glandes surrénales comme leur nom l’indique sont de petites glandes situés proches des deux reins.
Elles sont facilement visualisées à l’échographie.
L’ exploration de l’hypophyse nécessite un scanner ou une IRM.
Quel est le traitement ?
Lors de masse surrénalienne, le traitement de choix reste la chirurgie avec retrait de la surrénale affectée. L’autre surrénale prend le relais pour la production hormonale. C’est une chirurgie délicate de part la localisation de la glande, proche de gros vaisseaux tels que l’aorte et la veine cave. Cette intervention requiert une grande vigilance du fait des changements hormonaux brutaux qui découlent de l’ablation de la masse surrénalienne. La masse devra par la suite être analysée en histologie afin d’établir son caractère bénin ou malin. Lors de Cushing hypophysaire, l’IRM ou le scanner va détecter en général un petit nodule ou microadénome.
Dans 20 % des cas, le nodule dépasse les 1 cm. On parle alors de macroadénome. QU’ils s’agissent de micro ou de macro adénomes, ces masses hypophysaires sont rarement cancéreuses.
Pour les microadénomes, un traitement par voie orale, le trilostane, est très efficace. Il s’agit de gélules à prendre une à deux fois par jour. La mise en place du traitement implique des contrôles fréquents le premier mois afin de trouver la dose idéale et d’éviter les surdosages.
La radiothérapie est indiquée pour les macroadénomes avec de bons résultats.
Dans tous les cas de figure, le traitement demande un suivi régulier de votre animal. Une relation de confiance avec votre vétérinaire est incontournable.
Dr Isabelle Pasquet
Docteur Vétérinaire , Fondatrice de la clinique vétérinaire Vetinparis